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UN POISSONNIER au pays de la charcuterie

Patrick Puyo

« Je m’appelle Patrick Puyo, j’ai 55 ans et il y a presque 30 ans, j’ai fait le pari fou d’ouvrir une poissonnerie dans le Cantal !!!

Originaire de La Rochelle, fils et petit-fils d’Ostréiculteurs Marins Pêcheurs, je quitte en juillet 1986 mon village natal (Lauzières dans la Charente Maritime) pour racheter aux enchères une poissonnerie fermée depuis 3 ans dans une région qui m’est alors inconnue.
J’ai donc dû  refaire une clientèle, trouver des marchés à proximité, rechercher des fournisseurs de qualité mais aussi un transporteur. Cette dernière mission est celle qui s’est avéré la plus compliquée. Au départ je rejoignais un transporteur à Limoges à 2 h du matin. Par la suite ce fut à Brive à 4 h puis à Tulle à 5 h.
Les horaires, les trajets, les journées non-stop…Il fallait être motivé !!!
En 2000 enfin le transporteur livre à Aurillac, en 2002 à Mauriac… on se rapproche et aujourd’hui, je peux enfin savourer le luxe d’être livré directement à mon dépôt, à Arches, tous les matins vers 5 h. Les horaires et le rythme sont toujours épuisants (je peux vous garantir que je dors déjà avant même que ma tête touche l’oreiller) mais le confort d’être livré sur place est très appréciable.
En 2000, j’ai dû prendre la décision difficile de fermer le magasin à Mauriac pour ne garder que les marchés et les tournées et ainsi essayer de sauver mon entreprise.
Parmi ces marchés, il y a celui de Saint Privat. Ce petit marché a été créé dans les années 90 sur la place de l’église. Au départ nous étions un petit groupe de commerçants (3 ou 4), nous avons réussi à fidéliser une bonne clientèle. Par la suite quelques producteurs se sont greffés au noyau de départ. Les travaux sur la place nous ont amenés à déplacer le marché au foirail que nous n’avons pas voulu quitter depuis. En effet, cet endroit nous semble plus opportun, permettant aux clients davantage de places de parking et pour nous plus de passage. Nous sommes moins serrés. A ce jour environ 10 commerçants sont présents avec une clientèle fidèle et diverse.
Se faire une clientèle sur les marchés, c’est créer une relation de confiance avec la population locale, se faire connaître, parler, créer du lien social. C’est présenter ses produits, donner des conseils culinaires…échanger. Livrer à domicile les personnes qui ne peuvent pas se déplacer, les personnes âgées, handicapées ou qui n’ont pas de moyens de locomotion, c’est aussi participer à lutter contre l’isolement, aider au maintien à domicile en milieu rural et garder de la vie dans les petits hameaux isolés.
Ouvrir ce commerce dans cette région alors inconnue, c’est aussi faire le pari de l’intégration personnelle et familiale dans ce territoire.
En 2012, de nouveau la survie de l’entreprise est en jeu…la concurrence des supermarchés, la désertification des petits bourgs…met en péril la survie d’une poissonnerie au pays de la charcuterie. De nouveau, il a fallu se battre, se remettre en question, envisager des solutions. Alors que j’avais candidaté pour la place en 1986 puis en 2000, et après presque un an de négociation intensive, j’obtiens enfin une place sous le marché couvert d’Aurillac. Enfin, j’ai ma chance !
Aurillac et Saint Privat sont maintenant les deux marchés qui rythment mes semaines : sous le marché couvert d’Aurillac les mercredis et samedis, sur le marché de Marmiers à Aurillac les jeudis et sur le marché de Saint Privat les vendredis. A cela s’ajoutent les tournées : les mardis : Pleaux, Ally, Escorailles, Chaussenac, Auriac, Rilhac Xaintrie, Spontour, Chalvignac ; les jeudis : Champs sur Tarentaine, Ydes, Champagnac, Vendes et Arches ; les vendredis Saint Privat.
Je livre également régulièrement plusieurs restaurants du territoire en poissons frais, coquillages et crustacés et une cantine scolaire, celle de Saint Privat.
C’est un métier difficile, je suis à la fois vendeur, poissonnier, mécanicien, gestionnaire, secrétaire, mes heures ne sont jamais comptées et mes mains témoignent de la dureté de mon métier mais j’ai la satisfaction d’être indépendant, responsable de mon travail et de ce fait de la réussite de mon pari un peu fou…JE SUIS POISSONNIER AU PAYS DE LA CHARCUTERIE…et même si ça ne permet pas de faire fortune, ma famille vit correctement et ne manque de rien…grâce à mon travail et à mes mains abimées !! »
Le 19 novembre 2015    M.J. Chambon