FABRICE MARTIN
Tous les vendredis matins, depuis plusieurs années, Fabrice arrive de Pleaux et dresse son étal de charcuterie au bas du champ de foire de Saint Privat.
Né dans le Tarn de parents commerçants, il souhaite exercer le même métier ; mais ceux-ci pensent que ce n’est pas un métier d’avenir. C’est donc à Saint Cyr L’Ecole qu’il est dirigé pour faire ses études, ville où sa sœur ainée est installée. En 1976, Fabrice devient télégraphiste dans le 15ème arrondissement de Paris. Ce travail lui permet de faire ses premières rencontres avec des personnalités du showbiz : Thierry Le Luron, Yves Lecoq, Georges Brassens à qui il se souvient avoir apporté le télégramme lui annonçant le décès de sa mère.
Quelques années plus tard, Il passe le concours d’agent d’exploitation des postes et déménage à Toulouse en 1980 pour assurer cette nouvelle mission. En parallèle, il continue à étoffer ses connaissances dans le monde du spectacle. En 1987, après réussite au concours de contrôleur des postes, il revient à Paris dans le 18ème arrondissement. Son appartement se situe à 100 m du domicile de Dalida et tout près du restaurant de Pascal Sevran connu sous l’enseigne « Coin De Rue ». C’est dans ce vivier que sont nés la plupart de ses amis et rencontres inoubliables : Charles Trenet, Jean Marais, Michel Galabru, Jean Pierre Pernaut… En 1988, après 11 ans d’emplois administratifs, il démissionne pour devenir agent et producteur de spectacles. Il travaille alors pour Dalida, Hervé Vilard, Eric Charden, Pierre Bachelet, C Jérôme, Michel Galabru. Ce dernier est venu dîner chez Fabrice il y a deux ans lors de son spectacle à Argentat.
Aujourd’hui, ce métier a beaucoup changé ; nombre de ces chanteurs ne sont plus là. Fabrice continue à produire des spectacles de temps en temps. Il a des projets avec Hervé Vilard ; grâce à son intervention ce chanteur était sur scène, il y a deux ans, à Pleaux et à Argentat. Lors de sa venue, lui et son équipe ont été hébergés à l’Auberge de la Xaintrie.
Mais le monde du spectacle n’est plus le même. Avec Isabelle, sa compagne, il a trouvé une autre activité. Voilà onze ans qu’ils ont décidé de venir habiter dans la région ; la mère de Fabrice était originaire de Pleaux. Isabelle a laissé son entreprise d’ autos écoles. Ensemble ils ont repris une boutique de primeurs à Pleaux et développé les marchés et foires de la région. Depuis trois ans, le magasin de Pleaux est fermé. Ils ne vendent plus que des produits de charcuterie d’Auvergne dans la région, et un peu partout en France (Savoie, Midi Pyrénées…). Ce sont vingt et une variétés fabriquées dans la tradition auvergnate qui constituent l’essentiel de leur offre. Aux saucissons et jambons, ils ajoutent quelques fromages : cabécous, saint nectaire, cantal, bleu, tous fabriqués dans la région. Leurs approvisionnements se font directement auprès de producteurs. Ils n’offrent pas de grandes quantités mais exigent une qualité certaine. Chaque semaine Fabrice est présent aux marchés de Salers, Argentat, Saint Privat et à toutes les grandes foires de la région.
Courage et persévérance animent ce commerçant fidèle à notre marché du vendredi matin. A l’heure où on explique aux jeunes qu’ils n’exerceront pas le même métier pendant toute leur vie professionnelle, cette révolution a déjà commencé pour beaucoup d’actifs !
Le 21 avril 2017 MJ Chambon