Lydia Besse Primeurs
COMMERCE D’AUJOURD’HUI
Aujourd’hui, mardi 27 septembre, je reçois Lydia Besse pour me raconter son histoire. Vous la connaissez ; elle stationne son fourgon blanc, tous les vendredis matins, sur la place du marché, à côté de la marchande de bouriols, pour nous proposer fruits et légumes.
Lydia est la troisième fille de Charles et Jeanne Puyraimond de Servières le Château. Adolescente, elle a préparé le baccalauréat littéraire, au lycée Edmond Perrier de Tulle. En 1985, bac en poche, elle s’inscrit en faculté de droit à Brive, mais réalise vite que c’était une erreur d’orientation.
Dès 1986, elle trouve un emploi à la boulangerie Lafond de Servières le Château. Timide, elle préfère exécuter les tâches ménagères. Très vite, sa patronne la met au contact de la clientèle pour vendre le pain, et ensuite, lui confier les tournées. Pendant 20 ans, elle approvisionnera tous les villages de Servières le Chateau, Darazac, Bassignac le Haut, Hautefage, Saint Geniez ô Merle, et restera au service de cette boulangerie. Elle se marie en 1990 avec Jean Luc Besse, employé à l’entreprise Pourty de Servières le Château. L’année suivante naitra leur fille. Lydia, forte de cette première expérience, part travailler au supermarché Super U, à Argentat ; elle est chargée de la mise en rayon des marchandises mais le contact avec la clientèle lui manque. Elle abandonne cet emploi au bout de trois mois. C’est alors que Gabriel Argueyrolles, commerçant ambulant en fruits et légumes, souhaite cesser son activité. Lydia saisit cette opportunité.
Nous sommes en janvier 2007, Gabriel Argueyrolles prend sa retraite et lui propose de racheter son fonds de commerce et son camion vert. Pendant 15 jours, elle l’accompagne dans ses tournées pour découvrir son itinéraire et prendre contact avec les clients. Elle avait l’avantage d’en connaitre certains à qui elle fournissait le pain, lorsqu’elle travaillait à la boulangerie Lafond. Très vite, Lydia s’implique dans cette nouvelle activité. Son planning est très chargé : une tournée chaque jour, plus le marché de Saint Privat le vendredi matin. La plus longue journée est celle du mercredi : les clients des villages de Darazac, de Bassignac, de Servières, de certains quartiers de Saint Privat et de Cros de Montvert l’attendent. Pas le temps de déjeuner ! Aux villages desservis par Gabriel, elle en ajoute d’autres. Ce sont cinq cents kilomètres qu’elle parcourt chaque semaine, au volant de son fourgon. Elle est devenue une bonne conductrice. Par tous les temps, elle sillonne les routes de la Xaintrie et au-delà. Son père Charlou et sa mère Jeanne lui sont d’un grand secours, pour les livraisons de fruits et légumes aux cantines scolaires.
Peu d’investissement sont nécessaires pour vendre fruits et légumes : un fourgon aménagé et une chambre froide suffisent. Ses deux fournisseurs, Claudine Bourg de Tulle et Gautier Primex d’Ussac, lui livrent fruits et légumes tous les jours. Jean Luc, son mari, aide au chargement et au déchargement du fourgon. La journée commence à 5h et se termine à 20h, une fois le véhicule nettoyé. Lydia privilégie les produits de l’agriculture raisonnée, issus de petits producteurs de la région d’Ussac. D’aspect moins parfait, ces primeurs sont plus savoureux. Nous devons changer nos habitudes de consommation et en particulier acheter les légumes et fruits de saison.
Lydia est souriante, calme, à l’écoute, attentive à ses clients avec le souci de les satisfaire, d’être à leur disposition. Elle a instauré des habitudes, créé des liens ; ainsi le jeudi matin, elle prend le petit déjeuner avec une personne âgée qui ne peut plus se déplacer ; lui livrer ses produits à domicile est évident. Elle a le sens du service. A Goulles, café et gâteaux lui sont offerts avant de repartir vers un autre village. Ces moments d’échange sont importants. Lorsqu’une personne disparait elle est affectée. Très attachée à ses clients, il lui est arrivé de secourir plusieurs d’entre eux retrouvés tombés à leur domicile.
Le marché de Saint Privat est un moment convivial ; elle prend le temps de discuter, même si la queue s’allonge à l’arrière de son camion ! Retrouver sur la place les autres marchands est toujours un moment agréable.
Le 5 octobre 2016 MJ Chambon